Calcul de la prime de fin d’année au Maroc : méthode et règles

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Calcul de la prime de fin d’année au Maroc : méthode et règles

Calcul de la prime de fin d’année au Maroc méthode et règles

 

C’est une question qui revient chaque fin d’année, parfois dans l’urgence, souvent dans la confusion : comment calculer la prime de fin d’année ? Est-elle obligatoire ? Sur quelle base se fait le calcul ? Et que faire si l’entreprise a connu une année difficile ?

Au Maroc, la prime de fin d’année n’est pas encadrée par le Code du travail de manière stricte. Pourtant, elle est devenue une pratique courante dans de nombreuses entreprises, perçue comme un geste de reconnaissance ou comme un levier de fidélisation. Certaines la versent automatiquement chaque mois de décembre. D’autres la conditionnent à des résultats ou à une ancienneté minimale.

Mais alors ? Comment savoir si votre entreprise est tenue de la verser ? Et surtout, quelles sont les règles à suivre pour l’attribuer de manière juste et conforme ?

Avant de plonger dans les formules de calcul, il faut d’abord comprendre le cadre juridique, les usages en entreprise, et les cas particuliers qui peuvent compliquer la donne.

 

Qu’est-ce que la prime de fin d’année au Maroc ?

 

Définition et contexte

 

La prime de fin d’année, parfois appelée « 13ᵉ mois » dans certaines entreprises, est une somme d’argent versée en complément du salaire habituel, généralement en décembre. Elle prend souvent la forme d’un bonus exceptionnel, d’un versement lié à la performance, ou tout simplement d’un avantage prévu par l’usage.

Dans la pratique, cette prime peut répondre à plusieurs logiques :

  • récompenser les efforts fournis pendant l’année,

  • encourager la fidélité des salariés,

  • redistribuer une partie des résultats de l’entreprise,

  • ou maintenir l’attractivité face à la concurrence.

Elle est particulièrement répandue dans les grandes structures, dans certains secteurs comme la finance ou l’industrie, mais aussi dans les multinationales implantées au Maroc. Cela dit, aucune règle unique ne s’applique à toutes les entreprises.

 

Prime obligatoire ou facultative ?

 

Le Code du travail marocain ne rend pas la prime de fin d’année obligatoire. En clair, un employeur n’est pas tenu par la loi de la verser, sauf si des dispositions spécifiques le prévoient.

Trois situations peuvent rendre la prime contractuellement ou légalement obligatoire :

  1. Une clause dans le contrat de travail ou dans une convention collective.

  2. Un usage constant, c’est-à-dire si l’entreprise l’a versée plusieurs années de suite, aux mêmes périodes et selon les mêmes critères, sans interruption.

  3. Une décision unilatérale de l’employeur, officialisée par une note interne ou un avenant.

Autrement dit, si l’entreprise a pris l’habitude de la verser chaque année depuis cinq ans, sans exception ni changement de conditions, les salariés peuvent y prétendre de manière légitime. Ce n’est plus un bonus ponctuel, mais un avantage intégré dans le régime de rémunération.

Mais attention : une entreprise peut aussi décider de ne pas instaurer de prime, ou de la supprimer si elle prouve que les conditions économiques ne le permettent plus. Dans tous les cas, la communication et la transparence restent clés.

 

Qui peut bénéficier de la prime de fin d’année ?

 

Salariés du secteur privé

 

En théorie, tous les salariés du secteur privé peuvent bénéficier d’une prime de fin d’année. Mais en pratique, tout dépend des règles internes de l’entreprise.

Généralement, ce sont les salariés en CDI qui en profitent le plus souvent, notamment s’ils sont présents depuis plusieurs mois au moment du versement. Certaines entreprises fixent un seuil d’ancienneté, par exemple trois ou six mois, pour en limiter l’attribution.

Mais il n’existe aucune règle unique. Une PME peut très bien choisir d’attribuer la prime à l’ensemble de son effectif, y compris les stagiaires. Une autre peut la réserver à ses cadres ou à ses salariés les plus anciens. Ce sont les accords internes, écrits ou tacites, qui font foi.

 

Spécificités pour les cadres, CDD, intérimaires…

 

Certains profils font souvent débat. Prenons quelques cas concrets :

  • Un cadre recruté en octobre pourra difficilement prétendre à une prime complète en décembre, sauf disposition favorable. Mais il pourrait recevoir un prorata, calculé sur les mois travaillés.

  • Un salarié en CDD peut en bénéficier, surtout si l’usage est clairement établi dans l’entreprise.

  • Les intérimaires dépendent des pratiques de leur agence ou du contrat tripartite. Généralement, ils n’y ont pas droit, sauf si un accord spécifique existe.

Dans tous les cas, l’égalité de traitement reste un principe à respecter. Si deux salariés à statut équivalent, dans des conditions comparables, sont traités différemment sans justification valable, cela peut poser problème.

Existence d’un accord ou d’un usage d’entreprise

C’est souvent l’usage interne ou l’accord collectif qui tranche. Si une entreprise a toujours versé une prime à Noël aux employés présents au 31 décembre, cette pratique devient une référence implicite. Même en l’absence d’un texte formel, cet usage peut être opposable.

Autre situation fréquente : une note de service ou une décision managériale qui définit les critères d’attribution (ancienneté minimale, performance, présence effective…). Dans ce cas, les règles annoncées doivent être appliquées de façon cohérente à tous les bénéficiaires visés.

Chez minthr.com, nous encourageons les entreprises à formaliser ces pratiques, ne serait-ce que pour éviter les malentendus et assurer la transparence vis-à-vis des équipes.

 

Comment se calcule la prime de fin d’année ?

 

Base de calcul (salaire brut, net, ancienneté...)

 

Il n’existe pas de formule universelle pour calculer une prime de fin d’année. Tout dépend des règles internes fixées par l’entreprise. Mais plusieurs bases de calcul reviennent fréquemment.

La plus courante reste le salaire brut mensuel, sur lequel on applique un coefficient (souvent 1, équivalent à un mois de salaire). Exemple classique : un salarié perçoit un salaire brut de 9 000 dirhams, il recevra 9 000 dirhams de prime.

Mais certaines entreprises préfèrent une approche différente :

  • un pourcentage du salaire annuel brut,

  • un montant fixe attribué à tous les salariés,

  • ou un montant lié à l’ancienneté (par exemple : 500 dirhams par année complète d’ancienneté).

D’autres facteurs peuvent entrer en jeu, comme la performance individuelle, les résultats collectifs, ou encore la catégorie socio-professionnelle du salarié. Rien n’interdit à une entreprise de verser une prime différenciée, à condition que les critères soient objectifs et non discriminatoires.

 

Proportionnalité en cas d’entrée ou de départ en cours d’année

 

Un salarié embauché en juillet ou quittant l’entreprise en octobre peut-il toucher la prime complète ? En général, non.

Dans la majorité des cas, la prime est calculée au prorata du temps de présence sur l’année civile. C’est une question d’équité, surtout lorsque la prime repose sur une logique d’investissement à long terme.

Prenons un exemple concret : un salarié rejoint l’entreprise le 1er mai. La prime versée en décembre sera alors proportionnelle à 8 mois travaillés sur 12, soit environ 66 %. Si la prime de base est de 10 000 dirhams, il percevra environ 6 666 dirhams (sauf autre disposition prévue par l’entreprise).

Même chose pour les départs anticipés. Si un salarié quitte son poste en septembre, certaines entreprises choisissent d’intégrer une prime au prorata dans le solde de tout compte. D’autres, non. Là encore, la règle doit être claire dès le départ.

 

Traitement des absences, congés, maladie…

 

C’est souvent ici que les situations se compliquent. Car toutes les absences ne sont pas traitées de la même façon.

  • Les congés payés n’impactent généralement pas le calcul. Ils font partie du temps de travail légal.

  • Les congés sans solde, eux, peuvent réduire la prime si l’entreprise applique une logique au prorata des jours réellement travaillés.

  • Les arrêts maladie ? Tout dépend de leur durée et de la politique interne. Certaines entreprises choisissent de neutraliser les absences justifiées par un certificat médical. D’autres déduisent les jours non travaillés.

Il n’y a pas de règle automatique. Ce qui compte, c’est la cohérence des décisions et leur communication préalable. Pour éviter toute contestation, mieux vaut que les critères de calcul soient écrits noir sur blanc, dans une note de service ou dans une grille d’entreprise.

 

Fiscalité et cotisations sociales de la prime

 

Traitement fiscal (IR)

 

Sur le plan fiscal, la prime de fin d’année est considérée comme un complément de rémunération. Elle est donc soumise à l’impôt sur le revenu (IR), au même titre que le salaire de base.

Autrement dit, elle est ajoutée au revenu imposable du mois où elle est versée. Si l’entreprise la verse en décembre, elle sera intégrée dans le calcul de l’IR de ce même mois, ce qui peut entraîner une hausse ponctuelle de la retenue à la source.

Exemple : un salarié perçoit habituellement 12 000 dirhams brut par mois. En décembre, il reçoit une prime de 10 000 dirhams. Son revenu imposable du mois passe donc à 22 000 dirhams, avec une incidence directe sur le taux d’imposition appliqué ce mois-là. Ce phénomène est parfois mal compris par les salariés, d’où l’intérêt d’anticiper les explications.

Certaines entreprises choisissent de lisser l’effet fiscal sur l’année suivante ou de verser la prime en deux fois pour limiter cet impact. Ce n’est pas une obligation, mais cela peut faire la différence côté climat social.

 

Assujettissement aux cotisations sociales (CNSS, AMO…)

 

Du point de vue de la sécurité sociale, la prime de fin d’année entre dans l’assiette des cotisations si elle est considérée comme un élément de rémunération régulier ou prévu contractuellement.

En pratique, si la prime est prévue dans le contrat, la convention collective ou les usages constants, elle est soumise aux cotisations CNSS, à la cotisation AMO (Assurance Maladie Obligatoire) et aux autres charges sociales obligatoires.

Seule exception : une prime exceptionnelle, versée de manière totalement discrétionnaire et non récurrente, peut être exclue de l’assiette, à condition qu’elle soit clairement identifiée comme telle. Mais attention, ce type d’exception est rarement admis en cas de contrôle si la prime est versée tous les ans au même moment.

En résumé, sauf disposition très particulière, la prime de fin d’année est assujettie aux mêmes cotisations sociales que le salaire mensuel. Pour éviter les erreurs, mieux vaut l’intégrer dans le logiciel de paie comme un élément ponctuel mais déclaré, avec un traitement conforme aux règles de l’entreprise et aux exigences légales.

 

Bonnes pratiques pour les employeurs

 

Formaliser les règles dans un accord d’entreprise

 

Même si la prime de fin d’année n’est pas imposée par la loi, l’absence de cadre écrit peut vite devenir source d’ambiguïtés. Pour éviter les malentendus, il est fortement recommandé de formaliser les conditions d’attribution dans un accord d’entreprise, une note interne ou une décision unilatérale.

Cet encadrement peut préciser :

  • les critères d’éligibilité (ancienneté, statut, performance),

  • la période de référence,

  • les modalités de calcul (fixe, proratisée, liée à la présence, etc.),

  • les cas d’exclusion ou de réduction (congés sans solde, départs anticipés…).

Un document écrit, même simple, protège l’entreprise autant qu’il clarifie les attentes côté salariés.

 

Informer les salariés de manière transparente

 

La communication est essentielle, surtout lorsqu’il s’agit d’éléments de rémunération. Les salariés doivent savoir :

  • s’ils ont droit à une prime ou non,

  • comment elle est calculée,

  • à quel moment elle sera versée,

  • et si des exceptions s’appliquent.

Un message clair, transmis en amont (par exemple via un email RH ou une réunion d’équipe), permet d’éviter les frustrations, les malentendus et les comparaisons mal interprétées. Cela renforce aussi la confiance et le climat social, en montrant que les règles sont appliquées de façon cohérente.

 

Éviter les risques de contentieux liés à l’usage répété

 

Beaucoup d’employeurs versent une prime chaque année « par habitude », sans encadrement formel. Or, au bout de trois années consécutives, cette pratique peut être considérée comme un usage d’entreprise, et donc devenir opposable juridiquement.

Autrement dit, même sans document signé, un salarié pourrait réclamer la prime au motif qu’elle a été versée régulièrement dans le passé. Pour éviter cela, deux options s’offrent à l’employeur :

  • Formaliser clairement la nature exceptionnelle et discrétionnaire de la prime, si c’est le cas,

  • ou, au contraire, assumer l’existence d’un usage et le cadrer officiellement pour mieux en maîtriser les règles.

Dans les deux cas, l’essentiel reste la cohérence dans le temps et la traçabilité des décisions. Chez minthr.com, nous conseillons souvent aux entreprises d’intégrer ces éléments directement dans leur politique de rémunération ou leur espace RH, pour garder une ligne claire en cas de changement de direction ou de contrôle.

 

Questions fréquentes sur la prime de fin d’année

 

Peut-on supprimer une prime versée les années précédentes ?

 

Oui, mais pas sans précaution. Si la prime de fin d’année a été versée de manière régulière, trois années de suite, selon les mêmes critères, elle peut être assimilée à un usage d’entreprise. Dans ce cas, l’employeur ne peut pas l’interrompre du jour au lendemain.

Pour la supprimer légalement, il faut respecter une procédure :

  1. informer les représentants du personnel, s’ils existent,

  2. prévenir les salariés concernés par écrit,

  3. accorder un délai raisonnable avant de mettre fin à l’usage.

En revanche, si la prime a été versée de manière ponctuelle ou si l’employeur a clairement mentionné son caractère exceptionnel, il peut décider de ne pas la reconduire, sans que cela constitue un manquement.

En résumé : ce n’est pas tant le montant qui compte que la régularité et l’attente qu’elle crée.

 

La prime doit-elle apparaître sur le bulletin de paie ?

 

Oui, absolument. Comme toute somme versée en contrepartie du travail ou dans le cadre du contrat de travail, la prime de fin d’année doit figurer sur le bulletin de paie.

Elle peut apparaître sous différentes lignes, selon les pratiques de l’entreprise :

  • « Prime annuelle »,

  • « Prime de fin d’année »,

  • « Bonus de performance », si elle est liée à des objectifs.

Ce document doit également préciser le montant brut, les cotisations appliquées, et le net versé. L’absence de cette mention pourrait être interprétée comme une irrégularité, voire comme un paiement dissimulé, avec les risques que cela implique.

 

Que faire en cas de désaccord entre salarié et employeur ?

 

Les conflits autour des primes ne sont pas rares, surtout lorsqu’il n’y a pas de cadre formel ou que les pratiques ont changé sans explication.

En cas de désaccord, plusieurs étapes peuvent être envisagées :

  • dialoguer avec la direction ou le service RH, pour clarifier la position de chacun,

  • se référer aux documents existants : contrats, bulletins de paie antérieurs, communications internes,

  • saisir l’inspection du travail en cas de doute sur la légalité d’un retrait ou d’un non-versement,

  • ou en dernier recours, engager une action devant le tribunal compétent.

Dans tous les cas, mieux vaut anticiper ces tensions par une politique claire et documentée. Une règle bien expliquée évite souvent un conflit inutile. Et cela vaut pour les deux parties.

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