La participation des salariés aux résultats de l’entreprise au Maroc : cadre légal et limites

En parler, ce n’est plus seulement anticiper l’avenir. La participation financière des salariés aux résultats de leur entreprise est aujourd’hui une question bien réelle, portée par les évolutions du droit du travail marocain et les attentes croissantes en matière d’engagement et de reconnaissance.
Mais alors ? Qu’est-ce que cela implique concrètement pour une entreprise installée au Maroc ? Quelles sont les obligations légales, les marges de manœuvre, et surtout, les limites à ne pas franchir ?
Entre incitations fiscales, dispositifs facultatifs et attentes des collaborateurs, le sujet mérite qu’on s’y arrête avec précision. Car si la participation peut renforcer la motivation et la fidélisation, elle ne s’improvise pas. Et encore moins dans un cadre juridique où certaines notions restent floues ou peu exploitées en pratique.
Dans cet article, nous faisons le point sur ce que dit la loi marocaine, les dispositifs envisageables, et les pièges à éviter, que vous soyez une PME locale ou une filiale d’un groupe international.
Qu’est-ce que la participation des salariés aux résultats ?
Définition et principes généraux
La participation des salariés aux résultats repose sur un principe simple : associer les collaborateurs aux performances financières de l’entreprise. Il s’agit de leur reverser une part des bénéfices réalisés, selon des critères préalablement définis, souvent encadrés par un accord collectif ou une décision unilatérale de l’employeur.
Ce mécanisme, inspiré du modèle français mais encore peu répandu au Maroc, vise à valoriser la contribution des équipes en les impliquant davantage dans la réussite économique. Cela peut prendre la forme d’un versement annuel, d’un abondement dans un plan d’épargne, ou d’un mécanisme plus souple selon la taille et le secteur de l’entreprise.
On parle ici d’un levier de motivation et de fidélisation, qui s’ajoute à la rémunération classique sans forcément la remplacer.
Différence entre participation, intéressement et actionnariat salarié
On confond souvent ces notions. Pourtant, elles répondent à des logiques bien distinctes.
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La participation concerne un partage direct d’une partie des bénéfices réalisés. Elle est liée à la performance financière et suit des règles prédéfinies.
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L’intéressement, lui, est plus souple. Il peut être lié à d’autres critères : atteinte d’objectifs, productivité, qualité, etc. Il n’a pas besoin d’être indexé aux résultats nets.
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L’actionnariat salarié permet aux collaborateurs de devenir eux-mêmes actionnaires de l’entreprise. C’est une démarche plus engageante, qui ouvre des droits (vote, dividendes) mais implique aussi une prise de risque.
Prenons un exemple concret : une entreprise qui distribue chaque année 10 % de son bénéfice net à ses employés via une formule connue d’avance, met en place un dispositif de participation. Si elle choisit de verser une prime conditionnée à l’atteinte d’un objectif de chiffre d’affaires, elle parle d’intéressement. Et si elle propose aux salariés d’acheter des actions à prix préférentiel, il s’agit d’actionnariat salarié.
Ces outils peuvent se cumuler, mais encore faut-il en maîtriser les règles. Et au Maroc, le cadre juridique impose certaines précautions.
Le cadre légal de la participation au Maroc
Quelle base juridique ?
La participation des salariés aux résultats, dans sa forme structurée, n’est pas encore encadrée par une législation spécifique au Maroc, contrairement à ce que l’on observe en France ou dans d’autres pays européens. Il n’existe pas, à ce jour, de mécanisme de participation financière obligatoire pour toutes les entreprises, ni de régime fiscal avantageux clairement défini.
Cependant, certaines initiatives peuvent s’inscrire dans un cadre plus large, en s’appuyant sur les principes généraux du droit du travail marocain, notamment en matière de rémunération variable, de primes collectives, ou de dispositions prévues par convention collective ou accord d’entreprise.
Cela signifie quoi, concrètement ? Que les entreprises disposent d’une certaine liberté pour mettre en place des dispositifs de participation, à condition de respecter les règles générales du Code du travail, et notamment celles liées à la non-discrimination, à l’égalité de traitement, et à la transparence vis-à-vis des salariés.
Est-elle obligatoire ou facultative ?
Au Maroc, la participation est totalement facultative. Aucun texte n’impose aux employeurs de partager leurs bénéfices avec leurs salariés, même au-delà d’un certain seuil de rentabilité.
C’est donc une démarche volontaire, souvent stratégique, qui peut s’inscrire dans une logique d’engagement social, de responsabilisation des équipes ou de différenciation RH. Certaines entreprises, notamment les grandes structures internationales ou les filiales de groupes français, choisissent d’importer ce type de pratique, parfois par alignement avec leurs politiques globales.
Mais rien n’y oblige formellement une entreprise marocaine, quelle que soit sa taille ou son statut juridique.
Textes de loi et références principales (Code du travail, autres lois)
Même si la participation ne fait pas l’objet d’un dispositif spécifique, plusieurs textes légaux permettent d’en encadrer certains aspects, de manière indirecte. Voici les principales références utiles :
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Le Code du travail marocain, notamment les articles relatifs à la rémunération, aux avantages en nature et aux primes collectives (articles 345 à 356).
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Le Dahir formant Code des obligations et des contrats (DOC), dans ses dispositions générales sur les contrats de travail et les obligations réciproques entre employeur et salarié.
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Les conventions collectives sectorielles, qui peuvent inclure des dispositifs de partage des gains ou de primes collectives.
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Le Code général des impôts, bien qu’il ne traite pas directement de la participation, peut avoir un impact sur le traitement fiscal des primes liées aux résultats.
À noter : en l’absence de cadre légal formel, chaque entreprise qui souhaite instaurer un tel dispositif doit sécuriser son montage juridique, idéalement par un accord écrit et validé par les représentants du personnel, le cas échéant.
Modalités de mise en place dans l’entreprise
Entreprises concernées et seuils applicables
Au Maroc, aucun seuil légal n’impose la mise en place d’un dispositif de participation. Ce n’est ni lié à l’effectif, ni au chiffre d’affaires, ni à une forme juridique particulière. En clair, toutes les entreprises peuvent l’envisager, des PME locales aux filiales de multinationales.
Cela dit, dans la pratique, ce sont surtout les grandes entreprises ou celles intégrées à des groupes internationaux qui adoptent ce type de mécanisme. Pourquoi ? Parce qu’elles disposent souvent de ressources RH et juridiques suffisantes pour structurer un tel dispositif, et parce qu’elles peuvent l’inscrire dans une stratégie globale de rémunération ou d’engagement.
Mais rien n’empêche une PME marocaine, bien ancrée dans son écosystème, de proposer un partage des bénéfices avec ses collaborateurs. C’est même parfois un levier puissant pour fidéliser des profils rares ou renforcer la culture d’entreprise.
Modes de calcul possibles
Puisqu’aucune formule n’est imposée par la loi marocaine, les entreprises sont libres de définir leurs propres règles de calcul. Mais attention, la liberté ne signifie pas l’improvisation.
Voici quelques approches courantes, inspirées de pratiques internationales :
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Pourcentage du bénéfice net : par exemple, l’entreprise décide d’allouer 5 % ou 10 % de son résultat net annuel à un fonds de participation.
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Excédent d’exploitation : on peut aussi choisir de lier la participation à l’excédent brut d’exploitation (EBE), plus représentatif de la performance opérationnelle.
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Objectifs collectifs atteints : une autre méthode consiste à conditionner la distribution à l’atteinte d’un seuil de croissance, d’un niveau de marge ou d’un objectif de production.
Le mode de répartition entre salariés peut également varier. Certaines entreprises optent pour une répartition uniforme entre tous les collaborateurs, d’autres tiennent compte de l’ancienneté, du niveau de salaire ou du temps de présence.
Ce qui compte, au fond, c’est la cohérence. Et surtout, la transparence vis-à-vis des équipes. Une formule claire, partagée dès le départ, et appliquée de façon équitable.
Rôle de la convention collective ou de l’accord d’entreprise
Même si la participation n’est pas imposée par la loi, elle doit reposer sur un socle juridique solide. Et c’est là que l’accord collectif ou la convention d’entreprise entre en jeu.
Deux options s’offrent à l’employeur :
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Négocier un accord avec les représentants du personnel (ou avec les salariés eux-mêmes, en l’absence de représentation). Cet accord précise les critères d’éligibilité, le mode de calcul, la périodicité, et les modalités de versement.
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Adopter une décision unilatérale. C’est possible, mais moins sécurisé. Et surtout, cela ne donne pas le même niveau d’adhésion que la co-construction.
Certaines conventions collectives, notamment dans les secteurs où les groupes étrangers sont présents (bancaire, télécoms, industrie), intègrent déjà des dispositifs de participation ou d’intéressement. Il est donc essentiel de vérifier ce qui est déjà prévu, avant de bâtir un nouveau dispositif.
Quels avantages pour l’employeur et les salariés ?
Motivation et fidélisation des équipes
Offrir un dispositif de participation, ce n’est pas simplement distribuer une prime de plus. C’est envoyer un signal fort. Celui d’une entreprise qui reconnaît l’implication de ses équipes et qui souhaite les associer, concrètement, aux fruits du travail collectif.
Concrètement, cela peut jouer un rôle déterminant dans la fidélisation des talents, en particulier sur un marché de l’emploi marocain où certaines expertises se raréfient. Un salarié qui sait qu’une partie de sa rémunération est liée aux résultats de l’entreprise aura tendance à s’impliquer davantage, à rester plus longtemps, et à contribuer plus activement à la dynamique collective.
Ce type de levier agit aussi sur la motivation au quotidien. Pas forcément parce que les montants sont énormes, mais parce qu’ils traduisent une forme de reconnaissance. Et cette reconnaissance, surtout lorsqu’elle est partagée de manière équitable, a un impact réel sur la qualité de vie au travail et la dynamique d’équipe.
Alignement des intérêts et amélioration de la performance collective
Autre avantage souvent sous-estimé : la participation aligne les intérêts des salariés et de l’entreprise. Elle crée un lien direct entre la réussite économique et la rémunération des collaborateurs. En clair, quand l’entreprise gagne, tout le monde gagne. Et ça change la manière de travailler.
On le voit dans les entreprises qui ont mis en place ce type de dispositif : les collaborateurs sont souvent plus sensibles aux enjeux de rentabilité, de productivité ou de satisfaction client. Ils comprennent mieux pourquoi certaines décisions sont prises, car ils y sont indirectement associés.
Prenons un exemple. Une entreprise industrielle choisit de lier une prime annuelle au niveau de marge brute atteint. Résultat : les équipes terrain sont plus attentives au gaspillage, les commerciaux ajustent leurs remises, et les services supports jouent davantage la carte de l’efficience. Ce n’est pas magique, mais cela installe une logique d’amélioration continue partagée.
Impact fiscal et social (régime des charges, exonérations éventuelles)
C’est sans doute le point le plus flou au Maroc, faute d’un cadre fiscal spécifique pour la participation. Contrairement à d’autres pays où ces dispositifs peuvent bénéficier d’exonérations de charges sociales ou d’allègements fiscaux, le droit marocain reste silencieux sur le sujet.
Cela signifie que, dans l’état actuel des choses, les sommes versées au titre de la participation sont considérées comme des compléments de salaire. Elles sont donc soumises aux cotisations sociales classiques, ainsi qu’à l’impôt sur le revenu pour le salarié.
Pour l’employeur, la dépense est bien sûr déductible du résultat fiscal, comme toute rémunération. Mais il ne bénéficie d’aucun avantage particulier.
Cela dit, certaines entreprises choisissent de structurer ces dispositifs de manière plus créative, en les intégrant à des régimes de primes collectives ou d’épargne salariale, selon les possibilités offertes par la convention collective ou des montages spécifiques.
Il n’y a pas d’exonération automatique, mais des solutions existent. Et elles méritent d’être étudiées au cas par cas, avec l’appui d’un juriste ou d’un expert paie. Chez minthr.com, nous accompagnons d’ailleurs plusieurs entreprises dans cette démarche, en tenant compte de leurs contraintes métier et de leur environnement réglementaire.
Quelles limites et précautions à prendre ?
Risques juridiques ou de litige avec les salariés
Mettre en place un dispositif de participation sans cadre clair, c’est prendre le risque de créer des tensions plus que de l’engagement. En l’absence de loi spécifique, tout repose sur la bonne foi, la rigueur contractuelle et la cohérence du dispositif.
Un exemple fréquent ? Une entreprise promet une prime liée aux résultats, sans définir de formule précise, ni de critères objectifs. Quelques années plus tard, les salariés s’estiment lésés, les performances sont là, mais la direction décide unilatéralement de ne rien verser. Résultat : frustration, perte de confiance… et parfois contentieux.
Pour éviter cela, il faut impérativement documenter le dispositif : rédiger un accord clair, définir les critères, formaliser les conditions de versement. Et, surtout, ne jamais présenter cette participation comme un droit acquis si elle est conditionnelle.
Problèmes de transparence et de communication interne
Un autre point de friction possible, souvent sous-estimé : le manque de transparence.
Si les règles du jeu ne sont pas claires, si les collaborateurs ne comprennent pas comment les montants sont calculés, ou s’ils ont l’impression qu’un traitement inégal est appliqué, le mécanisme peut se retourner contre l’entreprise.
Il ne suffit pas d’annoncer « vous aurez une prime si l’entreprise fait des bénéfices ». Il faut expliquer. Montrer les chiffres. Partager, dans une logique de confiance, les indicateurs clés utilisés pour déclencher ou calculer la participation.
Et cela suppose aussi une bonne communication managériale. Les RH et les responsables d’équipe doivent être en mesure de répondre aux questions, d’expliquer les écarts, d’accompagner les perceptions. Sans quoi le dispositif peut devenir source de malentendus, voire de désengagement.
Cas particuliers (entreprises en difficulté, licenciements collectifs)
Enfin, certaines situations rendent la participation difficile à maintenir, voire risquée.
Prenons le cas d’une entreprise confrontée à une baisse d’activité. Maintenir un dispositif de participation, dans ce contexte, peut devenir financièrement impossible. Mais y mettre fin brutalement, sans préparation, peut créer un sentiment d’injustice, surtout si les salariés y étaient habitués.
Autre exemple délicat : un plan de licenciement collectif. Verser une participation à certains, tout en réduisant les effectifs dans d’autres services, pose une vraie question d’équité. Et peut exposer l’employeur à des reproches, voire à des contestations.
Dans ces cas-là, il est essentiel d’avoir prévu des clauses de suspension ou d’adaptation dans l’accord initial. Et surtout, d’accompagner le changement avec pédagogie.
La participation est un outil puissant, mais exigeant. Elle fonctionne quand elle est pensée dans la durée, alignée avec les réalités de l’entreprise, et mise en œuvre avec méthode. Sinon, elle peut faire plus de mal que de bien.
Alternatives à la participation classique
Mettre en place une participation formelle n’est pas toujours adapté, surtout pour les petites structures ou celles qui évoluent dans un cadre budgétaire serré. Mais cela ne veut pas dire qu’il faut renoncer à l’idée de partager la réussite. D’autres leviers existent, souvent plus souples, parfois plus incitatifs.
Intéressement sur objectifs collectifs
Moins rigide, l’intéressement collectif permet de lier une partie de la rémunération à des objectifs définis à l’avance. Il ne s’agit pas ici de redistribuer un pourcentage des bénéfices, mais de récompenser l’atteinte d’un cap : chiffre d’affaires, productivité, taux de satisfaction client, délai de livraison, etc.
L’avantage ? Ce type de prime peut être déclenché même si l’entreprise ne génère pas de bénéfice net. Et il est facilement modulable selon les périodes ou les services concernés.
Exemple concret : un cabinet d’ingénierie fixe un objectif de 20 % de projets livrés en avance sur les six prochains mois. Si l’objectif est atteint collectivement, une prime est versée à tous les salariés impliqués. Simple, motivant, et pilotable en interne.
Distribution de primes exceptionnelles liées aux résultats
Autre option, plus ponctuelle : verser une prime exceptionnelle en cas de bonne performance. Pas besoin d’un dispositif formalisé, ni d’un accord collectif. L’entreprise garde toute liberté sur le montant, les critères, et la périodicité.
C’est ce que font de nombreuses PME marocaines : à la clôture des comptes, si les résultats sont bons, une prime annuelle est versée. On parle parfois de « gratification », de « prime de rendement » ou de « bonus annuel ».
Bien sûr, cette liberté a un revers : l’absence de cadre peut générer des attentes floues. Pour éviter toute ambiguïté, mieux vaut annoncer clairement qu’il s’agit d’une décision discrétionnaire, sans garantie ni reconduction automatique.
Attribution d’actions gratuites ou BSPCE pour les startups
Dans l’écosystème des startups, la logique est un peu différente. Ici, la participation passe souvent par l’actionnariat salarié. L’objectif ? Impliquer les collaborateurs dans la croissance future de l’entreprise, en leur offrant une perspective de gain liée à la valorisation.
Les deux outils les plus courants sont :
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Les actions gratuites : attribuées sans frais aux salariés, avec une période d’acquisition (généralement 2 à 4 ans). Elles permettent de fidéliser les profils clés, tout en évitant une sortie de trésorerie immédiate.
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Les BSPCE (bons de souscription de parts de créateur d’entreprise) : réservés aux jeunes entreprises innovantes, ces bons offrent aux salariés la possibilité d’acheter des actions à un prix fixe dans le futur, avec un régime fiscal avantageux (lorsqu’il s’applique).
Ce type de dispositif suppose un montage juridique plus complexe, souvent géré avec l’appui d’un cabinet spécialisé. Mais pour les startups à fort potentiel, c’est un levier puissant de rétention et d’alignement stratégique.
Même sans participation au sens strict, il existe de nombreux moyens de récompenser l’engagement collectif. L’essentiel, c’est de choisir une approche adaptée à la culture de l’entreprise, à ses contraintes financières, et aux profils qu’elle souhaite attirer ou retenir.
Conseils pratiques pour les entreprises marocaines
Quand envisager un dispositif de participation ?
Ce type de dispositif n’a de sens que s’il s’inscrit dans une logique de long terme. Avant même de penser à la formule ou au montant, une entreprise doit se poser quelques questions simples :
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Cherche-t-on à motiver les équipes durablement, au-delà du salaire fixe ?
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A-t-on besoin de fidéliser des profils clés, difficiles à remplacer ?
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L’entreprise dégage-t-elle des marges suffisantes et régulières pour envisager un partage des résultats ?
En clair, la participation ne doit pas être une réponse ponctuelle à un bon exercice, mais un outil RH structurant. Idéalement, elle s’intègre dans une politique plus large : évolution des rémunérations, qualité de vie au travail, engagement collectif.
Certaines étapes de vie de l’entreprise peuvent aussi servir de déclencheur naturel :
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L’entrée d’un nouvel investisseur
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Le passage à une taille critique (plus de 50 salariés, plusieurs sites…)
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Une réorganisation interne, avec volonté de renforcer la cohésion
Dans tous les cas, mieux vaut prendre le temps de bien cadrer plutôt que de lancer un dispositif flou, qui risque de se retourner contre l’employeur.
Comment sécuriser juridiquement le mécanisme mis en place ?
Pas de texte de loi spécifique au Maroc ? Justement. C’est ce flou qui rend la formalisation d’autant plus indispensable.
Voici quelques bonnes pratiques pour limiter les risques :
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Rédiger un document clair : qu’il s’agisse d’un accord collectif ou d’une décision unilatérale, le texte doit définir précisément la formule de calcul, les bénéficiaires, les conditions d’éligibilité, les modalités de versement, les cas de suspension, etc.
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Inclure une clause de non-récurrence : sauf engagement contraire, la participation ne doit pas être considérée comme un droit acquis. Cette précision protège l’entreprise en cas de changement futur.
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Préciser la durée de l’accord : à renouveler ou réviser tous les ans, ou fixer une période pluriannuelle selon les objectifs.
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Archiver les justificatifs : tableaux de calcul, décisions d’attribution, comptes de résultats… En cas de litige, tout se joue sur la traçabilité.
Enfin, ne jamais faire reposer la communication sur des promesses vagues ou des annonces verbales. Ce qui est écrit protège. Ce qui est flou expose.
Rôle du conseil RH et de l’expert-comptable
La mise en place d’un mécanisme de participation n’est pas qu’une affaire de chiffres. Elle touche à la stratégie managériale, à la culture d’entreprise, au droit du travail et à la fiscalité. Autant dire que plusieurs expertises sont utiles.
Le conseil RH va accompagner l’entreprise dans la définition des objectifs du dispositif, la rédaction des règles, la gestion du dialogue social, et la communication interne. Il s’assure que le mécanisme est compris, accepté et intégré dans les pratiques.
L’expert-comptable, de son côté, joue un rôle clé dans :
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La définition des bases de calcul (résultat net, marge, EBE…)
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La vérification de la faisabilité financière
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L’intégration comptable et fiscale des montants versés
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Le suivi des indicateurs pour déclencher ou ajuster la participation
Chez minthr.com, nous constatons que les dispositifs les plus efficaces sont ceux co-construits avec ces deux acteurs, en lien étroit avec la direction générale. Ce n’est pas qu’une affaire de RH, ni seulement de chiffres. C’est une vraie décision stratégique, qui mérite un cadrage solide dès le départ.
Questions fréquentes sur la participation au Maroc
Est-ce que la participation est exonérée de cotisations ?
Non. À ce jour, la participation n’est pas exonérée de charges sociales au Maroc. Elle est traitée comme un complément de rémunération. Cela signifie qu’elle est soumise, comme le salaire de base, aux cotisations CNSS, AMO, CIMR (le cas échéant), ainsi qu’à l’impôt sur le revenu pour le salarié.
Cela peut surprendre, notamment lorsqu’on connaît les dispositifs d’exonération existants en France ou dans certains pays européens. Mais le droit marocain ne prévoit aucun régime fiscal spécifique pour la participation, l’intéressement ou l’actionnariat salarié.
Certains montages permettent toutefois d’optimiser le traitement social ou fiscal de ces primes, en les intégrant dans des dispositifs collectifs ou des régimes d’épargne. Cela nécessite une analyse au cas par cas, avec l’aide d’un conseil fiscal ou d’un expert-comptable.
Peut-on la conditionner aux résultats financiers ?
Oui, et c’est même le principe fondamental de la participation. Elle repose sur un partage des gains réalisés. Il est donc parfaitement légal et logique de conditionner le versement de la participation à l’atteinte d’un certain niveau de résultat net, de marge, de chiffre d’affaires ou d’indicateur financier pertinent.
Ce qu’il faut, en revanche, c’est formuler clairement les règles dans l’accord ou le document interne. Si les critères sont vagues, ou si la direction garde une totale liberté d’appréciation sans cadre défini, cela peut être source de conflits.
Par exemple : « Une prime sera versée si l’entreprise fait des bénéfices » est trop flou. À l’inverse, « Une enveloppe équivalente à 5 % du résultat net, au-delà de 2 millions de dirhams, sera répartie entre les salariés selon leur ancienneté » est une formulation claire, sécurisante, et difficile à contester.
Quels types d’entreprises peuvent l’adopter ?
Toutes les entreprises peuvent mettre en place un dispositif de participation, quels que soient leur taille, leur statut juridique ou leur secteur d’activité. Il n’existe aucune restriction légale en la matière au Maroc.
En pratique, on retrouve ce type de dispositif surtout dans :
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Les grandes entreprises, qui ont les moyens de structurer un accord collectif solide
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Les filiales de groupes étrangers, notamment français, qui appliquent localement leurs politiques globales
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Les startups ou entreprises innovantes, qui cherchent à compenser un niveau de salaire fixe plus bas par des mécanismes incitatifs
Mais de plus en plus de PME marocaines s’y intéressent, notamment dans les secteurs à forte concurrence sur les talents (digital, ingénierie, services B2B).
Ce qu’il faut retenir, c’est que la participation n’est pas réservée aux grandes structures. Elle peut être un levier stratégique, à condition d’être bien pensée, bien expliquée, et adaptée à la réalité de l’entreprise.
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